Christine Schnetzler: «Je veux décider moi-même du moment où j’arrêterai»

Christine Schnetzler, vous continuez à travailler alors que vous avez atteint l’âge de la retraite. Cela a-t-il toujours été prévu comme ça?
Quand j’avais la vingtaine, un conseiller en assurance m’a posé des questions sur ma prévoyance. Je lui ai dit que je ne voudrai jamais arrêter de travailler.

Vous avez créé une start-up à 60 ans. En toute franchise: pourquoi s’infliger encore ça?
A partir de 55 ans, on est confronté à la fin de sa carrière: l’entourage pose des questions sur le sujet, les assurances envoient des documents. Ça m’a fait réfléchir. Et puis, à 60 ans, je me suis soudain dit: si je n’ose pas me mettre à mon compte maintenant, je ne le ferai jamais. Parmi les moteurs de cette décision, il y avait aussi l’idée que je voulais décider moi-même du moment où je m’arrêterai.

Comment avez-vous vécu le passage de votre ancien métier à une activité indépendante?
En fait, j’ai eu un avant-goût de la retraite, qu’il ne faut pas sous-estimer. Je me suis donné trois ans pour monter ma start-up. Les premiers temps ont été durs. Imaginez: dans l’hôtellerie, on est constamment exposé à des stimuli. Les gens, les différentes langues, les rires, il y a toujours quelque chose qui se passe. Et tout d’un coup, plus rien. C’est émotionnellement perturbant jusqu’à ce que vous vous réorganisiez. Mais avec la création de ma propre entreprise, le monde s’est remis en marche.

Dans quelle mesure les aspects financiers ont-ils joué un rôle dans la poursuite de votre carrière?
Dans ma jeunesse, la prévoyance telle qu’on la connaît aujourd’hui n’était guère d’actualité. Je ne suis certes pas obligée de travailler au-delà de la retraite, mais les finances étaient bien sûr un sujet. Mon mari et moi avions tout calculé et il s’est avéré que je devais gagner au moins 2000 francs pour que notre niveau de vie reste le même. Lors de la création de l’entreprise, je ne voulais pas utiliser l’avoir de ma caisse de pensions ou mon 3e pilier.

Dans votre start-up «Schnetzlers Haushaltsmanagement», vous n’êtes pas la seule à travailler au-delà de l’âge de la retraite. Vous employez aussi des personnes qui pourraient déjà être à la retraite. Pourquoi?
Nous prenons en charge toutes les tâches ménagères ou liées à la garde des enfants et des proches. Je n’engage personne de moins de 55 ans, car pour ce travail, il faut des personnes qui ont une longue expérience de la vie et dont l’équilibre est bien ancré. Aujourd’hui, on a des enfants plus tard, nos parents sont âgés, alors qu’on est en même temps au plus fort de sa vie professionnelle. Concilier tout cela est incroyablement difficile. Il faut des gens qui le comprennent et qui peuvent soulager ceux qui sont dans cette situation.

Diriez-vous que vous ne tenez pas en place?
Non, je dirais plutôt que je suis curieuse. Je fais mille choses dans ma vie, j’aime être entourée et je veux faire bouger les choses. Pour moi, il n’y a pas de fin, il n’y a qu’un moment où l’on quitte une histoire et où l’on en commence une nouvelle. 

Que devrait-il se passer pour que vous partiez un jour à la retraite?
J’arrêterai si j’ai l’impression de ne plus être fidèle à moi-même ou si je n’ai plus la force de continuer. Je ne veux pas me ridiculiser. Ce qui est bien, c’est que je pourrai un jour décider moi-même de ce moment. Dans une entreprise, je ne voudrais pas rester à tout prix et faire obstacle à une personne plus jeune.

Source des photos: Marc Wetli; Illustrations: Till Lauer